UN MILLION DE MORTS D’ICI 2025 EN EUROPE
Les antibiotiques, c’est pas automatique !
Tout le monde se souvient de ce slogan « les antibiotiques c’est pas automatique » et bien dans les faits, il n’en n’est rien.
Cancer, Sida, accidents de la route etc … Oubliez vite, les microbes vont avoir notre peau.
Pourquoi ? A cause de la surconsommation d’antibiotiques. Et la France reste un des plus gros consommateurs. Cela pose un énorme problème.
143 000 000 de boîtes d’antibiotiques
En 2013, avec près de 143 millions de boîtes vendues, la France arrive en troisième position européenne en terme de volume. Mais on parle plutôt de Doses Définies Journalières (DDJ) quand la consommation est qualifiée : 30.1 DDJ pour 1 000 habitants pour le seul secteur de ville. Le secteur hospitalier est moins demandeur avec ses 2.2 DDJ (Source ansm.fr).
Consommation en hausse
La consommation inquiète car après avoir baissé en 2004 à 27.4 DDJ, elle repart à la hausse depuis 10 ans.
Les comportements, d’abord des médecins ensuite des pharmaciens et enfin ceux des clients sont, me semble-t-il, à dissocier.
Les professionnels de santé
Ils savent que les antibiotiques ne sont pas toujours nécessaires et pourtant ils sont certainement responsables pour moitié avec les clients de la hausse de la consommation. Une prescription par-ci pour le médecin, une vente par là en dépannage pour le pharmacien et voilà le tour est joué, ils n’ont pas su dire non.
Baisse d’attention, de motivation pour expliquer, fatigue en fin de journée, peur de perdre le client, argent facile … Peu importe, les antibios sont dans la nature.
Je ne résiste pas à vous donner ce que j’ai pu lire sur un site dédié aux professionnels de santé www.comuniti.fr :
Antoine M, un médecin, dit sur l’antibiorésistance : « L’intérêt de la SS française, c’est de soigner et de rembourser le moins possible de frais médicaux à ces adhérents : d’où le déremboursement des médicaments la culpabilisation des médecins. Notamment le slogan : les antibiotiques, c’est pas automatique : Le bon médecin serait celui qui ne prescrit pas d’antibiotiques ou aux doses et durées minimales : résultat sélection des germes les plus résistants. Les AB, c’est pas automatiques, cela implique que le médecin fasse un diagnostique précis, avec un prélèvement bactériologique, antibiogramme si positif … »
Jacky A dit aussi : « La vérité fait mal. La résistance aux antibiotiques est corrélée avec la banalisation de masse. Ces médicaments auraient dû rester un domaine de prescription exclusive des médecins, jamais moins de cinq jours à la posologie la plus efficace. L’assurance maladie est la pourvoyeuse de l’automédication et reste l’entière responsable. Ce n’est pas le fait de prescription inadaptée qui génère la résistance mais bien la non observance de la posologie et de la durée… »
Cela vous montre un peu l’état d’esprit de certains médecins vis-à-vis de la Sécurité Sociale, comme si la Sécurité Sociale n’était rien d’autre qu’une entité où nous tous nous serions étrangers à son existence, à son financement, c’est délirant. Une chose est sûre à travers ces témoignages certains médecins n’aiment pas la Sécu et elle ne le leurs rend pas bien.
Les clients
Dans le secret de la consultation, certains clients font la consultation ou plutôt leur marché du début jusqu’à la fin mais chut, il ne faut pas le dire. Quel médecin, notable, sous serment d’Hippocrate, ferait de la complaisance ? Des antibiotiques sur la liste du marché pour un voyage au Pérou, ça rassure et c’est moins cher que là-bas. « Docteur je pars au Pérou et je voudrais prendre des antibiotiques, un anti-diarrhéique, du paracétamol enfin la totale quoi ». Tu m’étonnes, à 10 Euros le comprimé d’amoxicilline 1g à Cusco, mieux vaut dépenser 23 Euros chez le médecin puis passer chez le pharmacien, tout est pris en charge. Et oui vous cotisez par votre travail et le voyage vous a coûté assez cher alors c’est un moyen comme un autre d’avoir un retour sur investissement n’est-ce pas ? Des antibiotiques pour un mal de gorge « docteur j’ai une fête de famille dans une semaine, je veux être en forme ». Merci la fée Sécu.
Pourtant, les antibiotiques utilisés à tort renforcent les microbes qui développent des modes de résistance inédite. Ces comportement sont donc très néfastes à notre collectivité entière et même au-delà.
Les vétérinaires
Fait étonnant, dans un même temps, l’utilisation d’antibiotiques à usage vétérinaire, tant décriée il y a quelques années et dénoncée dans certains documentaires télévisés, tend à diminuer. Le volume des ventes a baissé de 10.6 % en 2013.
L’exposition globale des animaux aux antibiotiques est moindre, elle a même réduit de 15.6 % entre 2009 et 2013 (Source anses.fr).
La vigilance est donc plus marquée pour la nourriture animale et paradoxalement une même personne qui refuse les antibios pour les animaux en demande pour elle-même.
Quels dangers ?
Le 1er danger vient des multirésistances des bactéries et qui préoccupent particulièrement les hôpitaux. Ainsi certaines bactéries comme P. aeruginosa connaissent une activité de résistance alarmante face à notre arsenal thérapeutique.
Le 2ième danger vient de la propagation des bactéries venues de pays dont la situation sanitaire est bien plus grave que chez nous. Des réservoirs dans le monde sont bien connus et inquiétants en Afrique, Amérique par exemple mais il ne faut pas croire que les pays européens sont en reste. La Grèce, l’Italie, l’Espagne sont des pays présentant un grand nombre de bactéries hautement résistantes. Elles arrivent ensuite via les échanges internationaux.
Le 3ième danger vient de l’absence de nouvelles molécules découvertes. L’industrie pharmaceutique ne génère aucun nouvel antibiotique.
Conclusion
Absorber des antibiotiques par la nourriture gêne davantage les individus que la problématique d’intérêt général sur l’antibiorésistance. Un exemple de sujet de société où l’individualisme en dit long sur nos comportements.
Nous sommes au début d’un gigantesque problème de santé humaine. D’ici 2025, les spécialistes estiment le nombre de décès en Europe à plus de 1 000 000 de personnes suite à l’utilisation d’antibiotiques inefficaces. Il devient urgent de changer les mentalités à l’échelle nationale mais aussi à l’échelle du monde car les microbes sont comme les nuages, ils sont sans frontières.
« Vraiment les antibiotiques, c’est pas du tout automatique »
Annexes :
Amélie : comprendre les résistances.