70 ANS DE SÉCU.
La Sécu a 70 ans, le 6 octobre 1945, la Sécurité Sociale naissait sur les ruines des bombes de la guerre. Aujourd’hui la belle idée mise en œuvre coule sous les bombes financières de la guerre économique.
120 milliards de déficit.
Pour faire simple et se faire plaisir à n’importe quel prix, dans l’esprit humaniste j’entends, il y a l’objectif de la règle des trois U : l’universalité des droits, l’unité du régime et l’uniformité des prestations.
En 1945, la Sécu était une solution d’urgence pour permettre un nouveau départ de la société française, une idée humaniste qui fait honneur à notre pays. Mais n’oublions pas que même avant cette idée géniale de la Sécu, unique au monde, en 1893, la loi prévoyait l’assistance médicale gratuite pour les plus démunis, permettant ainsi d’accéder aux soins de santé.
40 ans après, dans les années 1980, il a fallu inventer le système d’urgence de l’urgence. Voilà le début des ravages de la guerre économique. Sans condition de régularité de séjour sur notre territoire, l’aide médicale était accordée aux plus pauvres. D’abord nous avons créé l’aide médicale gérée par l’état puis dans le cadre de la décentralisation, les départements l’ont gérée à leur tour pour devenir l’Aide Médicale Départementale, l’AMD.
Dans les années 90, une condition de régularité de séjour est introduite pour bénéficier de l’assurance maladie, la Couverture Médicale Universelle apparaît. Elle remplaçait l’AMD et donnait à tous une couverture maladie « universelle ».
Du coup, à côté, maintenant à la fois l’exigence de régularité de séjour pour l’assurance maladie et la tradition d’accueil de la France, il y a eu un dispositif spécifique, l’Aide Médicale d’État ou AME. Tout les individus étrangers sans-papier ont une couverture santé d’où qu’ils viennent.
120 milliards de déficit pour acheter la paix sociale et faire tourner l’économie de la santé.
Il n’y a pas vraiment de marge de manœuvre et nous sommes tous concernés. Soit nous persistons dans un modèle social très coûteux soit nous réduisons la voilure sociale.
Dans le premier cas de figure, il suffit de regarder sa feuille de salaire et ses prélèvements. D’accord on continue comme cela avec de nombreux prélèvements et des dépenses sociales et de santé pour tous mais alors il faut clairement contrôler les individus pour détecter les injustices sociales et espérer la reprise économique.
Dans le deuxième cas de figure, la voilure sociale est réduite. Exit l’AME, exit les arrêts de travail payés les yeux fermés, exit les allocations après 6 mois de chômage, exit la CMU à ceux qui ont une adresse postale, exit les cures thermales remboursées, exit les vacances payées à ceux qui ont les moyens, exit les ordonnances de complaisance, exit les trajets abusifs d’ambulance etc etc etc … Oui c’est excessif, oui c’est dur, oui ça fait mal aux gens que nous sommes, aux entreprises de la santé, toute une économie sera déséquilibrée. Certes, du pouvoir d’achat il y en aura un peu plus, pas sûr qu’il se retrouvera dans la santé. Et puis, davantage de pauvres dans les rues, ce n’est pas ce qui nous voulons voir dans l’absolu. Aux USA, au Brésil, en Inde, en Afrique, cela ne choque personne, nous si.
Comment la France va pouvoir se sortir de cette difficile situation ? Aucun gouvernement n’a jamais vraiment voulu, sur les questions sociales et de santé, être rigoureusement attentif à la dépense publique.
Notre pays, comme bien d’autres d’ailleurs, traverse une importante et difficile période, nous sommes tous attachés à la Sécu. Peu de personnes imaginent un système à l’américaine en France où le système collectif deviendrait un système privatisé. Or c’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui, notre système est clairement mis à mal et dans des moments de tensions sociales forts, les nécessaires réformes de Madame Sécu ne risquent pas d’arriver.
Le déficit de la Sécu est le nécessaire prix à payer pour la paix sociale dans notre pays et faire tourner l’économie de la santé mais pour combien de temps encore ?
Annexe :